155 les Albanais et la mort
« Leurs chants ont pour thèmes dominants la destruction et la mort. C’est une particularité de leur art. On la retrouve dans leurs chants, dans leurs costumes, dans toute leur existence. C’est, en général, une caractéristique commune à tous les peuples balkaniques, mais elle est, chez les Albanais, plus prononcée que partout ailleurs. Même leur drapeau national ne symbolise que le sang et le deuil. »
« Oscar Wilde disait que les gens des classes inférieures éprouvent le besoin de commettre des crimes, ceux-ci leur procurant les sensations fortes que nous autres tirons de l’art. Cette épigramme peut très bien s’appliquer aux Albanais avec la seule différence qu’il faut substituer au mot “ crime ” ceux de “ guerre ” ou de “ vengeance ”. »
Voir Avril brisé.
« Les meurtres qu’ils commettent sont toujours conformes à des normes dictées par d’anciens usages. Leur vendetta ressemble à une pièce de théâtre composée selon toutes les règles de la tragédie, avec un prologue, une tension dramatique qui va croissant sans cesse, et un épilogue comportant inévitablement la mort. »
« L’Albanais vit et meurt comme s’il interprétait un rôle, à la seule exception que les décors de la scène sont les plateaux et les monts où ils passent leur vie dans un rude dénuement. S’il meurt, c’est souvent parce que doivent être respectées certains usages et non point pour des raisons objectives. »
« La vendetta est souvent déclenchée sans la moindre passion, uniquement pour obéir à la coutume. Et même quand le vengeur tue sa victime, il ne fait rien d’autre que d’appliquer un paragraphe du coutumier. »
« En sorte que les Albanais, tout au long des siècles, n’ont fait que jouer une sanglante pièce de théâtre. »
23 juillet 2005