J'ai dit à Doriane, alors qu'elle me montrait le magnifique fac-similé d'Étant donné de Duchamp, que j'étais en train de lire le Kabakov qu'elle m'avait prêté. C'était faux. En réalité, j'avais oublié son existence. Je l'avais sorti de mon cartable le deuxième jour afin de faire de la place pour mes affaires de latin/grec (il est imposant et particulièrement lourd), j'avais commencé à le compulser dans l'attente de m'y plonger (j'aime beaucoup Kabakov), puis je l'avais oublié sur ma tablette pour ne lui concéder qu’un œil de temps à autre, regard qui était à chaque fois la promesse d'un retour. Hier, en proférant ce mensonge, je me suis promis d'y revenir ; c’est ce que j'ai fait, suis en train de faire. Je l'ai repris à l'endroit où je m'étais arrêté dans mon survol : Les Cibles, Le wagon rouge et À qui sont ces ailes ? Je ne m'étais pas aperçu qu'en dehors de la présentation, tous les textes étaient de sa main. J'ai minutieusement lu ceux des trois installations citées... (La force de l'Est : faire une œuvre totale à partir d'un contexte politique qui devient accessoire. Qui d'autre, ailleurs, est capable de cela ? Voir le cinéma, l'art graphique, la littérature qu'ils soient polonais, russes, tchèques. Mélange de gravité et d'humour, passage de l'un à l'autre, confusion/composé des deux pour aboutir à une sorte de « poésie » poignante. Et drôle à la fois. Ironie, autodérision...)