J’ai appelé Valérie. Elle a eu l’air contente de m’entendre et m’a donné l’impression d’être plus à l’aise que d’habitude. Moi aussi. Mais d’une manière générale, nous sommes plus à l’aise au téléphone. Ce n’est pas qu’il y ait de la gêne lorsque nous nous voyons – hormis la dernière fois où nous étions l’un et l’autre détendus, peut-être grâce à ma mère, car il n’est pas impossible qu’elle ait été un prétexte comme un autre pour parler de moi –, mais parfois une certaine retenue. Peut-être à cause du lieu clos qu’est son appartement... Je lui ai parlé de son problème d’affiliation loin d’être résolu, puis du dossier que je lui avais proposé de lui faire lire une fois achevé. Elle a accepté avec joie. C’est bien un autre prétexte pour que je la revoie.
À un moment donné, elle m’a demandé si j’étais à Lille. J’ai dit « non, à Billy, chez moi ». Bizarrement, ce « chez moi » a pris une drôle de sonorité dans ma bouche, à tel point que je l’ai répété, que je me le suis répété, à haute voix, comme s’il y avait eu là une espèce d’incongruité qui m’avait échappé, ne m’appartenait pas. Je ne sais vraiment pas pourquoi... Ce n’est qu’après avoir raccroché que je me suis demandé pourquoi elle m’avait posé cette question...