Valérie ne s’est toujours pas manifestée. Toute la journée, j’ai été d’une humeur massacrante. Au soir, j’ai fini par en parler à Lilas qui m’a dit : « Tu lui as fait ce cadeau parce que tu es amoureux d’elle ou pour autre chose ? » Mon trouble à ce moment-là m’a pris de court et étonné… Je ne me pose pas la question car je sais que, d’une certaine manière, je le suis. Mais être amoureux ne veut rien dire ; ce n’est que l’expression d’un trouble, d’un émoi ; d’une perturbation, aussi légère soit-elle. Et cette perturbation, ce mouvement en soi, peuvent être provoqués. Il suffit de le décider. On peut décider de tomber amoureux. La chose faite, il n’y aura plus qu’à miser sur le hasard qui prendra la décision finale. On peut même aller jusqu’à provoquer ce hasard, et, d’une certaine manière, c’est ce qu’est mon envoi à Valérie car je ne l’ai pas fait sans arrière-pensées, sans noter la part d’équivoque, d’ambiguïté qu’il portait, ou du moins que je lui attribuais, que j’y ai mis, consciemment ou non. Preuve en est la grande attention que j’ai portée aux deux billets qui l’accompagnait…
J’ai peur qu’elle ne l’ait pas du tout reçu, que cet envoi se soit égaré, ou ait été subtilisé…