C’est un rapport de corps, de transmission directe, il ne suffit pas de battre la mesure. Mais tout cela n’est pas très clair dans mon esprit. J’avoue qu’il y a là quelque chose qui m’échappe. Peut-être est-ce simplement dû au fait que j’ai encore beaucoup de mal à saisir le caractère d’exigence qu’impose le « rôle » de chef, et, de même, celui de compositeur, puisqu’en l’occurrence je suis les deux. Je pense qu’il y a chez moi un défaut de perception du système chef/compositeur-interprète, c’est-à-dire : le chef/compositeur demande, exige, commande, dirige ; l’interprète écoute, répond, obéit. Je serais plutôt enclin à laisser l’initiative à l’interprète ; en tout cas, d’attendre de lui une part d’initiative. Étant donné le caractère amical de nos rencontres, cette part existe et c’est favorable, bénéfique. Mais en vérité, c’est une erreur : quels que soient les rapports entre interprète et chef, l’interprète est en état d’attente, tandis que le compositeur doit être en position de demande. Les deux ne peuvent se confondre. (Mais dans ce cas précis, comment peut se manifester cette demande dans la mesure où je n’ai qu’une vue assez floue de la pièce, et même des pièces, puisque ce n’est pas spécifique à N.-D. du Carmel, loin s’en faut ?...)