Elle avait le même ton amusé et faussement distrait, et le sourire. C’est à ce moment-là qu’elle est arrivée. Nous étions à une table près de la porte, il n’y avait que nous deux et, tout à coup, elle a été là, Valérie, comme surgie du sol, apparue comme la matérialisation de ce qu’Aurélia venait de me dire et qui tournait bizarrement en moi. Nous nous sommes fait la bise (c’était la première fois), elle s’est assise. Je lui ai dit que cela faisait une semaine que j’essayais de la joindre. « Je m’en doutais », m’a-t-elle dit, « il n’y a que toi pour ne jamais laisser de messages ! » Aurélia s’est alors exclamé : « Comment ? tu ne laisses jamais de messages ? même pas bonsoir, c’est Guy ? » et après une pause : « Ce n’est pas bien, ça ! » C’était exactement comme si elle avait dit : « Laisse-lui des messages, ne serait-ce qu’un mot, elle n’attend que ça ! » J’ai regardé Valérie, elle a souri. Ça m’a extrêmement troublé…