Lorsque je suis arrivé chez Valérie, j’étais persuadé que les choses étaient désormais claires, que je pourrais l’aborder, la côtoyer avec naturel et aisance ; il n’en a rien été. De nouveau, une gêne s’est installée, une gêne que je suis parfaitement incapable de définir et dont elle est en partie responsable si tant est que ça ne soit pas mon propre malaise qui déteint sur elle. J’ai retrouvée chez elle cet assemblage de distance et de légèreté, d’absence et d’intérêt ; elle reste irrémédiablement insaisissable et je ne sais plus comment me comporter avec elle. Puis il s’est produit une chose étrange. Pour une raison que je cerne mal, cela fait plusieurs fois que je tente de lui faire savoir que je suis seul, et libre, et que cette voix féminine qu’à deux reprises elle avait entendue au téléphone – Lilas – ne représentait plus rien pour moi. Je désire qu’elle le sache, et cherche le moyen de le lui faire savoir. L’occasion s’est présentée lorsque je lui ai parlé de la question de l’enregistrement des pièces de Journals. J’en suis venu à mentionner Valentin qui possède un petit studio et je m’apprêtais à lui dire : « Mais c’est un peu délicat car c’est le nouveau type de ma femme. » Mais il m’a été impossible d’ouvrir la bouche. Mon ventre s’est noué et je me suis trouvé incapable de prononcer la moindre parole...