Et dans la vie de cette fille, je débarque, avec mes gros projets, mes attentions, ma prévenance, un certain empressement, mes propositions ; avec mes grandes phrases et une certaine tendance – mais c’est peut-être une mauvaise interprétation de ma part – à m’installer, voire à m’incruster. Pour résumer, Valérie ne va pas bien et je commence à creuser ma place, à être présent, peut-être trop, et – ça a été sensible hier – j’ai trouvé un peu déplacé de venir lui proposer d’autres partitions, de lui parler musique alors qu’elle avait certainement autre chose en tête, et, comme de fait, j’ai remarqué qu’elle était un peu moins enthousiaste, commençait à prendre la réelle mesure de l’énormité du projet et peut-être est-elle prête à renoncer sans oser me le dire. À ce moment-là, je me suis senti un peu refroidi et n’ai plus eu envie de parler musique projets, technique ; mais d’elle ; et de moi ; mais surtout d’elle ; mais de moi aussi. Et à partir de ce moment-là, j’ai guetté l’occasion, cherché le prétexte à faire dévier la conversation que, de toute manière, je sentais un peu forcée, ou en tout cas pas vraiment naturelle, du moins en ce qui me concernait, car je n’avais plus en tête que son absence, sa distraction, et peut-être son désintérêt pour ce que je lui avais apporté, c’est-à-dire de nouvelles partitions…