Ça ne me rassure pas pour autant et j’ai de plus en plus l’impression de me servir de V. ; elle n’est au courant de rien et j’érige autour d’elle une création dont, par moment, je n’ai plus la moindre envie, en laquelle je ne vois plus que la manifestation éhontée d’un narcissisme à son plus haut degré. D’un autre côté, en pensant au temps que ce projet demandera pour se mettre en place, et sans doute davantage que je ne l’imagine*), je me dis que des choses changeront et que d’ici là se produiront des événements qui la mettront en face de moi, moi qui, à ce moment-là, serais amené à lui parler, à « m’expliquer ». Alors, il faut que je continue et me dise qu’un jour les circonstances feront que je puisse lui dire : « V., depuis un certain jour d’un certain mois d’avril tu es le centre de ma vie. Depuis ce jour, tu m’accompagnes à chaque seconde et depuis ce jour j’écris sur toi et construis ma vie autour de toi. Depuis ce jour, je ne suis pas sûr, pas vraiment sûr de l’amour que je te porte, et ne sais même pas s’il s’agit d’amour, mais je me dis que si un jour arrive où je serai capable de te parler comme je le fais, c’est que ça sera vrai et que, effectivement, il s’agit d’amour. Alors, puisque je te le dis, puisque je suis capable de te parler et de te parler comme je le fais, c’est que c’est vrai et qu’il s’agit d’amour... »

 

* en effet : il est resté inachevé (29 août 2021)