Le bar était pratiquement désert, je me suis installé au comptoir. À l’autre bout, se tenait une femme munie d’un sachet en plastique, mais elle avait la voix perchée, les traits durs, une allure, disons, « négligée », ça ne pouvait être elle. Puis j’ai entendu la porte s’ouvrir, une personne s’installer et demander un café. Je n’avais pas noté le timbre de la voix, mais c’était une voix de femme. Alors, j’ai pivoté sur mon tabouret et, à l’autre bout de la salle, j’ai vu une fille à une table près de la fenêtre ; sur la table, il y avait un long étui noir qui pouvait contenir un archet. Je me suis laissé glisser de mon tabouret et me suis approché. « Valérie ? » Oui, c’était bien elle. Je me suis présenté, puis assis. Elle était un peu mal à l’aise, j’étais tendu. Mais aussitôt que j’ai commencé à parler, je me suis calmé et me suis senti bien. Je lui ai exposé mes deux projets, elle a semblé très intéressée. Nous nous sommes quittés une heure et demie plus tard avec la promesse de nous revoir rapidement pour que je lui remette les partitions destinées aux divers musiciens qu’elle va se charger de réunir.

Elle a la trentaine, les cheveux châtain, mi-longs, est menue, mince, réceptive et vive, et pas si timide qu’elle m’avait semblé l’être au téléphone. (Lorsqu’elle sourit, on dirait une petite souris)