C’est moi qui ai fini par l’interrompre ; pas par ennui, fatigue ou lassitude, mais par perplexité, et déroute ; aussi par incompréhension et doute ; je ne comprenais pas son désir de ne pas voir la conversation s’arrêter, ou, plus exactement, je doutais de sa nature ; je ne savais s’il s’agissait d’un simple désir de parler, de ne pas être seule, ou si elle attendait quelque chose, de sa part autant que de la mienne, car, je n’ai pu faire autrement que d’expliquer cette insistance par un attachement, une attirance qu’elle aurait pour moi et n’aurait su exprimer autrement que par ce comportement qui alors aurait été de l’ordre de l’attente. Cette explication est plausible ; elle en vaut une autre, mais si je considère son ton résigné au moment de nous quitter, « alors, on se voit bientôt » (regret que ce « bientôt » soit vague, ne soit pas une date précise et proche que j’aurais fixée ?), je serais tenté de dire qu’il s’agit de la bonne... Mais je me connais, connais ma propension à la déformation, à l’interprétation à mon avantage. Il n’empêche que cet appel avait un caractère suffisamment étrange pour que je n’exclue pas cette possibilité... Aujourd’hui, j’ai pensé l’appeler ; je ne l’ai pas fait... (J’allais oublier : elle ne sera pas libre pour venir avec Mia, Richard, Anne et Olivier...)