Je suis rentré dans la nuit. Depuis dimanche matin, je n’ai vu personne, n’ai pas bougé, si ce n’est pour une visite-éclair chez ma mère. Je suis tout à la frappe des fragments de Journals. Je tape, transcris, sans bien savoir où je vais. Cette masse d’écrits – immense, je commence seulement à m’en rendre compte, et à la seule pensée de tout ce qui reste à entrer dans l’ordinateur pour une éventuelle publication (mais de quoi exactement ? et comment ?), je me sens découragé, ai envie de tout arrêter – m’écrase et m’épuise. Mais aujourd’hui, une idée s’est amorcée ; elle m’a redonné du courage, a donné un semblant de sens et d’utilité, de validité à cette transcription fidèle et systématique qui jusqu’à ce moment-là m’avait semblé complètement vaine. Du coup, c’est la totalité des journals que j’ai eu envie de prendre en compte (mais quelle somme de travail). Pour l’heure, je ne considère que les journals qui entrent dans la tranche comprise entre le 11 avril et le 25 juillet de toutes les années. En transcrivant, et en relisant donc le contenu de ces écrits dont j’ai pratiquement tout oublié (sauf celui de L’homme en mai que je ne suis pas loin de connaître par cœur), je découvre des faits, des réflexions, des événements qui, imperceptiblement, grossissent ce qui devrait être la trame de cette histoire de ma vie à Billy...