« Il y a au Japon un point commun essentiel entre la droite nationaliste et la gauche pacifiste : ne pas parler de la vraie guerre, ramenée pour les uns à une geste héroïque, pour les autres à une abjecte monstruosité. Soit il n’y a pas de coupable, puisque tout est noble et beau. Soir il n’y a pas de coupable, puisque c’est “ la guerre ” qui seule fut la responsable. Ian Buruma va encore plus loin : selon lui, le pacifisme est devenu pour la majeure partie des Japonais […] un élément central de l’identité. Seuls détenteurs d’une Constitution intégralement antimilitariste (écrite par des Américains…), ils se sont érigés en protecteurs sourcilleux de l’arche de la paix. Leur mission est de diffuser sa lumière aux huit extrémités de l’univers, tout comme hier ils y diffusaient l’éclat du Trône impérial. D’où la virulence de la condamnation de ceux qui dérogent au principe Paix, surtout quand ils s’en étaient faits les hérauts au Japon même : l’antiaméricanisme se porte bien. On peut juger semblable analyse peu univoque, mais elle met assurément le doigt sur quelque chose de profond. »