« Le Japon contemporain privilégie les objets qui relèvent de la catégorie des reliques et des traces, comme les stèles, les ossuaires, les inscriptions épigraphiques, les bouts de vêtements ou encore la photographie, au détriment de formes plus synthétiques que caractérisaient jusqu’en 1945 les représentations des héros de la nation et qui ne se rencontrent après guerre que dans les figures allégoriques de la paix et quelques statues bouddhiques. On assiste depuis plus de soixante ans au Japon, aussi bien dans le cadre religieux que dans la commémoration civile, au développement d’un rapport métonymique à l’histoire. Il ne s’agit pas d’un trait propre au Japon contemporain puisque les pratiques qui s’y rattachent ont sans doute toujours existé et qu’une évolution similaire s’observe en Occident. Ce type de commémoration n’est pas ouvert sur le futur, le passé n’y sert pas à penser l’avenir ; il contraint le présent à une connaissance de l’histoire qui ne débouche sur rien si ce n’est l’émotion de la perte. C’est la solution par défaut d’une société qui n’a pas ou peu de projet collectif. »