page 66 : paragraphe 3 : « Never to have seen... »
Il dit en substance, en parlant de la mort de son père : « De ne pas l'avoir vu mort m'a privé d'une douleur (anguish) que j'aurais pourtant accueillie volontiers (qui aurait été la bienvenue). » J'ai aussitôt pensé à mon propre père et à une réflexion que je m'étais faite, identique à la sienne. C'est du moins la première chose qui me soit venue à l'esprit : l'identicité (?) des réactions. Puis, quelques secondes plus tard, je me suis rendu compte qu'il n'en était rien ; d'une part, j'avais vu mon père mort – mais si brièvement que je me demande parfois si cette vision a été réelle, même si elle est gravée à jamais en moi – ; d'autre part, cette réflexion, la mienne, était sensiblement différente, à savoir : ce que j'ai ressenti (et ressens encore) a été immensément moindre que ce à quoi je m'attendais ; en vérité, il n'y a pas eu de réelle souffrance, douleur, peine, là où j'aurais voulu (et veux encore) en connaître une immense ; et ce n'est pas « voulu » que je voulais dire, mais « dû ». J'aurais , ça ne pouvait être autrement, et pourtant il n'y a pas eu, ou peu. Est-ce parce que j'ai trop craint cette mort pendant des années, et je me serais alors en quelque sorte immunisé ?...

page 138 : Proust-Beckett
Beckett aurait dit, au sujet de Proust : « L'homme nanti d'une bonne mémoire ne se souvient de rien car il n'oublie rien. » Où ? Dans son essai de Minuit ?... J'avais pensé que Beckett avait rédigé son Proust en français, mais il n'en est rien. Quoi qu'il en soit, la proposition me semble très discutable (pour ne pas dire fausse)...

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