Les voisins reçoivent dans la cour (et leur terrasse, alors ?). Déjà hier, ils ont fêté je ne sais quel anniversaire, ils étaient une cinquantaine, enfants compris ; à minuit, ils y étaient encore à brailler. Mon Velux est ouvert, je les entends, et m’en fous... Dans la maison, c’est le calme, du moins d’après ce que je peux en entendre de ma place. Tashi, Annabelle et les deux petits partent en fin d'après-midi pour Londres ; Samuel va rester ici pendant au moins un mois. J’ai peu vu Éléonore, ai peu eu l’occasion de lui parler depuis mon retour, mais, d’après ce que j’ai compris, il est en congés et n’a pas l’intention de reprendre son travail. Heureusement, il y a Venise à la fin du mois (encore que)… Il y a quelques jours, Sosthène m’avait proposé d’aller voir l’exposition à laquelle il avait participé avec son comparse flamand (le vernissage était tombé le jour de mon départ pour l’Aveyron). Il est passé hier en début d’après-midi, nous sommes allés prendre Aucassin (il m'a appris que son piano était celui de Maxence Van der Meersch – j'ai joué dessus – le piano). C’est dans un petit village près de Courtrai, une ferme abandonnée qui sert de lieu d’art avant sa destruction pour la construction d’un lotissement (il y a deux usines juste à côté ; des gens vont habiter là). Il y a la maison, des étables, des dépendances, une vingtaine de participants qui ont choisi un emplacement, un lieu. Après une bière à la buvette, Sosthène nous en a fait faire le tour ; dans l’ensemble, les vestiges de ces bâtiments sont nettement plus intéressants que ce qui y est présenté ; mais il y avait deux ou trois belles choses. Nous avons repris une bière avant de partir. Sosthène nous a proposé une frite sur la route. À quelques kilomètres, se trouve une friture design ultra moderne, on pourrait croire à un Mac Donald. Nous y avons pris des frites avec des morceaux de « viande » choisis au hasard (parmi un bel assortiment de choses bleues, vertes et brunes, les Belges sont très fort en nourriture industrielle). Puis nous avons repris la route en évitant les grands axes ; ça nous a donné l’occasion de voir des paysages inédits entre Flandres et Nord. Sosthène a beaucoup parlé, Aucassin s’est beaucoup tu, j'ai joué la bissectrice. C'était le soir lorsqu’il m’a déposé. Ils allaient se mettre à table ; je me suis installé, ai vaguement grignoté, je ne me sentais pas très bien : un vague mal de gorge, le nez qui coulait, mes embarras intestinaux. Les enfants sont allés se coucher, nous avons un peu parlé et à minuit, tout le monde est monté, même moi. Que pouvais-je faire d’autre ? J’ai achevé la saisie du carnet jaune que j’avais entamé au matin, puis suis allé au lit avec Houellebecq (en tout bien tout honneur). J’avance bien, attends je ne sais quoi. Pour l’heure, on dirait un texte branché du dix-neuvième (passé simple, participes présents – je pensais que le participe présent n’était plus réservé qu’aux lettres d’embauche –, imparfaits du subjonctif, c'est affligeant). En même temps, je ne sais s’il s’agit d’art ou de crochon. J’attends. Ce n’est pas inintéressant, ce n’est pas trop mal fichu, mais j’attends. J’ai le souvenir de quelque chose de moins cravaté dans ses textes précédents (celui-ci a remporté un Goncourt ; je n’en ai pas le souvenir)...