
Déjà un tel titre avait tout pour me hérisser.
Il ne m’a pas fallu plus de dix lignes pour passer du hérissement à l’agacement,
puis à la colère. Ce type de texte me met en colère. Lamentations,
attendrissement sur les années perdues, sur la période d’or (sic) de l’enfance.
Nostalgie et le reste à l’avenant. Un vieux barbon se rappelle et comme un vieux
barbon écrit. C’est désespérant. Le même homme avait pourtant écrit Le Loup
des steppes et surtout Le Voyage en Orient qui m’avait
fasciné (je l’avais lu plusieurs fois)… Plus que jamais, je pose la question :
en quoi l’enfance est-elle une période privilégiée ?… Le souvenir
d’enfance ne peut avoir de valeur que pour soi-même et ne peut prétendre à la
divulgation que s’il s’inscrit dans une dimension littéraire… En vérité, ceci
est valable pour tout type de souvenir. Le souvenir pour le souvenir n’a
strictement aucun intérêt. Mes souvenirs n’ont d’intérêt que dans la mesure où
ils servent une cause littéraire. Mes journals n’ont de sens et de raison d’être
que dans le cadre d’une question d’écriture…
27 janvier 1998