Suite, 4 janvier :

« Je veux être heureuse ou du moins tirer quelque chose du fait que je ne le sois pas. Tirer quelque chose de bon de cette détresse permanente. Ma colère et ma haine ne peuvent-elles pas trouver à s'exprimer dans mon œuvre ? » Belle lucidité. Mais question vaine puisque la poser, c'est y répondre... Suit l'épisode Scheidt, industriel allemand qui leur offre l'étage d'une usine désaffectée pour qu'ils y travaillent (Eva et Doyle) durant un an, tous frais payés et matériaux et main d'œuvre fournis (avec en contrepartie la remise des créations)... (L'idée d'utiliser des fragments de journal pour « illustrer » une notice biographique m'avait agacé au départ ; je m'aperçois en allant que c'est au contraire une belle idée ; c'est riche, passionnant ; extrêmement vivant...)

 

21 novembre, p. 170 :

la femme par rapport à l'homme, surtout lorsque tous deux sont artistes (et des difficultés, des heurts qui en découlent – voir Doriane et Antek) : « Notre 3e anniversaire de mariage... Être fier de ce qu'on est et de ce qu'on réussit. Je doute encore, de moi et de mon œuvre. En rivalisant avec Tom, je dois inconsciemment rivaliser avec mon alter ego. Dans ses succès je vois mes échecs... Le ressentiment m'envahit surtout si je dois faire la cuisine, faire la lessive ou la vaisselle, tandis qu'il trône comme un coq de basse-cour, à lire. »