Mais est-ce que je ne cherche pas à me leurrer, à vouloir
ainsi repousser un travail que je sais considérable et que je ne pourrai mener
à bien que dans une totale paix d'esprit ? Je ne le pense pas, car
repousser, ce n'est pas abandonner, c'est l'avoir toujours à l'esprit, c'est
tout de même y croire encore, même s'il subsiste encore l'éventualité du rêve
qui ne se réalise jamais. Et ce livre, Le
dernier Viking, du moins la partie que j'en ai lue aujourd'hui, m'y a fait
croire, me l'a remis en mémoire, et cette mémoire de nouveau vive est la
bienvenue au moment où je sens que je vais de nouveau flancher... Je n'aime pas
l'idée des mots en tant que remède (je n'aime pas le mot remède, car il appelle
la maladie), mais aujourd'hui, c'est de cette manière que je l'ai
ressenti : la littérature comme un secours.
13 mars 1990 (dans
une lettre à Marcel)