« L’auteur des vers religieux dont l’incompréhensibilité extravagante [?] fut prise pour du mysticisme, jouait avec aisance le double rôle de bigot et d’hypocrite. D’un côté, il était un bouillant Inquisiteur promettant le feu éternel aux incroyants, de l’autre c’était un homme d’affaires qui maintenait une poigne ferme sur les affaires temporelles en tant que directeur bien payé de la firme Gnôme et Rhöne, qui fournissait des moteurs d’avion à la Luftwaffe. […] La première de sa pièce Le soulier de satin fut applaudie, en 1943, par plusieurs rangs de généraux nazis. Un peu auparavant, en ardent admirateur de Pétain, il lui avait dédié une ode écœurante intitulée Paroles au Maréchal. Cela était pardonnable étant donnée l’opinion publique du moment. […] Mais là où Claudel se surpassa, ce fut à la Libération, lorsqu’il ressortit cette ode, après y avoir apporté les modifications nécessaires, sous le titre : Au Général de Gaulle. Le vieux radoteur cynique fut récompensée par des funérailles nationales. »

...