Je me suis levé tôt. Alors que je prenais mon petit déjeuner en espérant sans y croire que la stagiaire ferait le pont, la porte d’entrée s’est ouverte. Ce ne pouvait être qu’elle. Des pas ont monté l’escalier, puis le calme est retombé sur la maison. De toute évidence, elle ignorait ma présence, sinon elle n'aurait pas utilisé sa clef pour entrer. Je me suis ensuite installé dans le sofa jaune du jardin d’hiver où du soleil entrait. Bonjour soleil. J’y ai achevé Guitry, un peu réconcilié avec le style de l’auteur. J’ai même eu un pincement au cœur aux dernières lignes qui s’achèvent, bien sûr, sur la disparition de Sacha, mais aussi celle de sa maison. Nul doute que les dernières photos qui illustrent sa fin de vie ont largement contribué à cet émoi, celles où il est définitivement un vieillard perclus de maux, ceux que lui occasionnait la maladie enfin nommée : polinévrite (que le correcteur refuse, alors qu’il s’agit de l’orthographe utilisée et par l’auteur et par Sacha lui-même, voir le texte de sa main sur une nappe de restaurant ; je m’en étais du reste étonné, car j’aurais écrit « polynévrite » que cette fois le correcteur accepte ; d’où provient cette double faute, ou plutôt cette faute commise doublement ?). On ne devrait pas vieillir, me suis-je simplement dit. Pour me consoler, j’ai revu Faisons un rêve… tout simplement admirable. Il y a du génie dans son jeu, dans sa présence, sa prestance, et Jacqueline est magnifique...
3 mai 2008