Tandis que s’imprime Dot VI, je jette un œil à l’un des Pensée Universelle pris au hasard, Voyage aux Etats-Unis, en lis les premières pages, écroulé de rire. L’auteur, « styliste de mode, a beaucoup voyagé, tant professionnellement qu’à titre privé ». Il y a une photo ; on dirait maman et en effet, je l’imagine bien faire de cette manière le récit d’un voyage. « Ce sont les notes, rédigées au jour le jour […]. » En effet, au jour le jour, et avec la plus extrême simplicité, sans relecture, sans travail ultérieur d’aucune sorte. C’est posé, simplement, c’est tout. Brut. Comme un journal intime qui n’est destiné qu’à soi, ou, éventuellement, à un proche. Alors, c’est drôle. Ça n’a pas le moindre intérêt littéraire, mais c’est drôle, et touchant, comme lorsqu’en deux mots elle traverse deux états et sur une demi-page décrit avec précision le mobilier de sa chambre à coucher dont elle admire le « jupponnage ». Je vais tâcher d’aller jusqu’au bout. Je note que l’auteur est fâchée avec la règle d’accord du verbe avoir. Le correcteur fantomatique aussi. Je note aussi, en page 13, cette phrase : « Nous avons vu la maison la plus vieille des Etats-Unis qui date de 900 ans. » Les Etats-Unis moyenâgeux sans doute. Je note aussi qu’elle est témoin de Jéhovah et que ce voyage n’a l’air d’être qu’un prétexte à aller voir des cousins, des cousines, des témoins apparentés d’un bout à l’autre du pays, d’où la profusion des personnes rencontrés, leur prénom, leur âge et le détail des repas. Et puis cette phrase : « […] nous sommes allés voir la réserve des Indiens. Il reste 13 tribus dans l’Arizona. Ils ont la T.V. et changent de voiture chaque semaine, car il ne leur faut pas plus de temps que ça pour les casser. »
10 avril 2005