J’ai achevé Tarass Boulba, lu avec grand plaisir, plaisir de lecture pure. Reste à savoir entre lesquels il faudrait choisir : Zaporogues, Polonais ou Juifs… Je possédais déjà une édition de 1963 chez Charpentier, dans la collection « Ouvrages de poche pour les jeunes », d’après Nicolas Gogol, sic. Je n’en avais pas de souvenir. Après cette deuxième lecture, je me demande à quels jeunes s’adressait ce texte où se succèdent tout de même bon nombre d’horreurs. Je me demandais aussi, cette édition-ci étant exhaustive (Nouvelles complètes, chez Gallimard), ce qu’en était le texte adapté de la première édition. J’ai fait un survol et, selon toute apparence, elle n’a pas été expurgée, il s’agit d’une « véritable » traduction. À titre d’exemple, pour le simple plaisir de la comparaison, voici les premiers paragraphes du texte de 1963 où le nom du traducteur est absent : « Tourne-toi, mon fils ! Ah, qu’il est cocasse ! Et ces espèces de soutanes que vous portez ! C’est cela l’uniforme de votre Académie ? Voici en quels termes le vieux Boulba accueillait ses deux fils, qui revenaient à la maison paternelle, ayant terminé leurs études au séminaire de Kiev. Les jeunes gens venaient de sauter à bas de leurs montures. C’étaient deux solides gaillards, tout frais émoulus du collège, et qui osaient à peine lever les yeux. Sur leurs visages rudes pointaient le premier duvet, que n’avait pas encore touché le rasoir. Déconcertés par l’accueil de leur père, ils restaient immobiles, le regard fixé sur le sol. » La seconde : « Tourne-toi voir, petit ! Tu en as une allure ! Où avez-vous pris ces soutanes de popes ? C’est donc ça qu’on porte, au collège ? C’est ainsi que le vieux Boulba accueillait ses deux fils, qui revenaient du séminaire de Kiev où ils avaient fait leurs études. Ils venaient à peine de quitter leurs étriers. C’étaient deux solides gaillards au regard encore fuyant de séminaristes frais émoulus. Leurs visages pleins de vigueur et de santé étaient recouverts d’un premier duvet que le rasoir n’avait pas encore effleuré. Déconcertés par l’accueil de leur père, ils restaient immobiles, les yeux rivés au sol. » Je note que dans les deux cas ils ont plusieurs montures et plusieurs visages chacun...

 

26 juin 2011