En outre, il a un parti-pris ; celui de se mettre du côté des expéditrices, pauvres filles flouées (!), contre le petit médiocre qui joue de ses avantages. J’ai lu les lettres sans les commentaires qu’il y apporte et je les découvre à présent. Il dirige et influence la lecture. Qu’a-t-on à faire de son point de vue ? L’honnêteté la plus élémentaire, si tant est que les lettres soient authentiques, aurait été de les livrer telles quelles à la libre interprétation de chacun (encore que le lecteur n’ait pas non plus à interpréter, ni à juger, mais seulement à être mis en présence d’une trace qui lui est proposée). De quel droit commente-t-il, de quel droit juge-t-il ? (Était-ce pour lui le moyen de se racheter de ce qui, à ses yeux, était une faute, c’est-à-dire « l’appropriation » – plus justement, l’accaparement) d’une chose privée en vue de la divulgation ? Gadenne était-il chrétien, ou pour le moins croyant, ça expliquerait bon nombre de ses interventions, tout en ne les excusant en rien, bien au contraire ?) S’il s’agit d’une fiction masquée, c’est raté, et mauvais ; s’il s’agit de lettres véritables, c’est frauduleux, et de même raté car Gadenne dessert l’authenticité en s’interposant au lieu de la laisser à elle-même. J’ai été constamment gêné par sa présence, même si je n’ai pris connaissance des commentaires qu’après…

 

14 janvier 2002