Je suis passé chez Léo. Ça a été l'occasion pour lui
de m'offrir un très beau et très inattendu petit livre que j'ai accepté avec autant
de surprise que d'émotion. La surprise est liée à son auteur. L'émotion, liée aussi
à l'auteur, est un peu inexplicable. Il s’agit de Robert de Flers.
Pourquoi ai-je été touché par ce nom, plus peut-être que s'il s’était agi
de Marcel lui-même ? Je ne sais pas. Je ne me l'explique pas. Évidemment, Flers
est intimement lié à Proust. Mais ce n’est pas suffisant. Alors ? Ça
s’intitule Le rire du sphinx « Contes à Marcel Proust et
Anatole France », éditions Le temps singulier 1980 (bizarrement, il
n’est pas fait mention d’un autre copyright : serait-ce un
inédit ?). Le livre est très beau (esthétiquement), sorte
d’imitation à l’ancienne. Il se compose de deux contes : Le
rêve du sphinx et La courtisane Taia et son
singe vert. Le premier est dédié à Proust, le second à France. Je les ai
lus dans le train du retour (ça fait à peine quatre-vingt pages) et c’est
tout à fait moyen. Léger, gentil, presque mièvre… mais peu importe :
il est évident que c’est davantage l’objet qui compte que son
contenu, à l’instar de L’hygiène du goutteux du père Adrien…
22 mars 1990 (dans une lettre à Marcel)