Le Nautilus, buvette de la plage, après Flint, la FNAC (pour un Oberthur fuchsia pâle – c’était la moins moche des couleurs proposées – est-ce que les belles couleurs coûtent plus cher ?), la poste et, après hésitation, quai Gambetta jusqu’ici en croisant des nuées d’enfants autour de Nausicaa, je termine deux boules à la violette… J’aime bien cette terrasse et cet endroit ; le seul problème, ce sont les sièges, faits de lames de bois sur armature d’alu, très inconfortables… Vue sur la plage, un peu pauvre par rapport à celle de Mola, je ne le dirai jamais assez. Un cœur simple. Je grappille, suis en train de lire l’introduction consacrée à Flaubert lui-même… Contrairement à ce que je craignais, la terrasse est déserte, à l’exception d’un couple et d’une jolie blonde d’une trentaine d’années, aux longs cheveux et à la robe blanche vaporeuse. Elle s’est installée à la table voisine de la mienne avec deux blondinettes de deux à trois ans, ses filles, sans doute, quoiqu’elles aient la même taille et semblent avoir le même âge, des jumelles, alors ? Il est rare que je croise des jolies, voire belles femmes ici, à Boulogne, et malgré les touristes… Flaubert se plaint de ne pouvoir écrire (Un cœur simple, par exemple, lui a donné beaucoup de mal). Est-ce que moi-même me plains de ne pouvoir écrire ? Et est-ce du domaine du « pouvoir », de la capacité ; n’est-ce pas plutôt de la paresse, voire de la flemme ?... Au moment où j’ai rangé mes affaires dans mon sac – tabac, portable (j’ai envoyé une photo à Éléonore avec le pot de boules à la violette en évidence et ce mot : « I’m having fun too » ; hier, Jeanne m’avait envoyé des photos du coucher de soleil à Mola, et aujourd’hui d’un bar, avec ces mots : « nous rentrons, nous nous sommes bien amusées »), calepin, cahier, stylo, clé de la maison, porte-monnaie –, elle a appelé l’une de ses filles : « Colombe » avec une voix un peu précieuse mêlée de lassitude. J’ai tiré le calepin de mon sac et alors que je rapporte le fait : « coco », « colombette »… Avant de s’installer, elle s’était adressé au serveur, lui avait demandé si elle pouvait s’asseoir sans consommer ; c’est du moins ce que j’avais compris et j’avais ensuite été étonné qu’elle ait devant elle un Perrier et l’une des filles une gaufre… (Son mari, compagnon l’a laissée tomber avec ses deux filles et elle se retrouve perdue dans cette ville qu’elle ne connaît pas)