Bizarrerie : nombre de mots envoûtants ont
parcouru notre réunion de ce soir autour de la table d’Apollos,
dont « euphémisme » et « callipyge ». J’en ai profité
pour placer mon fameux « phaïnoméride » que j’avais utilisé
pour un personnage de la Rue V., Cyrille pour être précis :
arborant ses cuisses à qui le veut, elle est bien une phaïnoméride. Aussi bien Léo
qu’Apollos ignorait le mot qu’Apollos a finalement trouvé dans le
dictionnaire grec, mais pas dans le Robert. J’ai alors expliqué que je
l’avais prélevé d’un ouvrage consacré à la Grèce antique et
qu’il désignait un certain type de femmes ou de jeunes filles placées dans
un contexte particulier dont, évidemment, j’avais tout oublié. Léo
l’a noté dans son cahier. Il y a quelques minutes, j’y ai repensé
et ai entamé les recherches qui s’imposaient. Ça n’a pas été bien
long puisque je me souvenais précisément et du livre et de la place qu’il
occupe sur mes étagères, c’est-à-dire au-dessus de moi et à ma gauche
lorsque je suis assis au premier bureau. Je n’ai pas été surpris
d’y trouver un marque-pages coincé entre les pages 100 et 101 (comme je
le faisais habituellement avant le sitage des livres), ni de voir mentionné le
terme qui renvoyait à la page 76. J’ai aussitôt envoyé un mot à Léo
pour le mettre au courant de l’état de mes recherches ; et
j’ai alors pensé que la période de la lecture du livre et celle de la
rédaction du texte qui en utilisait l’un des termes devait plus ou moins
correspondre, et donc, puisque 1991 rentre dans la période des journals,
qu’il devait y avoir mention de cette lecture dans la rubrique du Livre.
Il y a bien mention, mais, étrangement, assortie d’aucun
commentaire : il n’y a pas le moindre lien qui renvoie à une page
quelconque, aussi bien à la lettre F que, dans la sous-rubrique
« Divers », à la lettre G. Comment se fait-il que je n’ai
relevé ni la date ni le contenu du marque-pages ? Je suis alors allé à la
recherche de la date qui, ironie, coïncide avec celle de la rédaction du texte,
Thibaut, en date du 8 juillet. Ne me
reste plus qu’à réparer le mal (et je pense
qu’il n’est pas invraisemblable que d’autres livres
m’aient ainsi échappé).
15 décembre 2001