Je viens d’en bas, pris par Ferrante, emporté d’une certaine manière sans bien savoir par quoi, par l’italien, bien sûr, cela ne fait aucun doute, mais aussi par l’attente : Éléonore m’en avait parlé, avait dévoré les quatre volumes, Laura le lit, tout aussi prise, Doris aussi (mais avec un peu de réticence d’après Éléonore), et elle avait ajouté, formule que j’avais mal interprétée : « It’s difficult to get into it, but after… » Difficile d’y entrer, c’était plutôt bon signe, mais je me suis rapidement rendu compte que c’était pour le moins ordinaire, commun, voire banal : enfance, une paire d’amies, Naples, un quartier difficile, l’école, le voisinage, etc. Je lisais, c’est malgré tout bien écrit, mais pourquoi m’avait-elle dit qu’il était difficile d’y entrer ? J’en avais lu quatre-vingt pages, lui en ai parlé aujourd’hui. « C’est ce que je voulais dire : c’est banal, sans grand intérêt, facile, et il faut s’accrocher pour passer cette étape ; ensuite, ça change. » En substance. C’est donc en partie l’attente qui me tient – que je me sois « trompé » ou non –, mais je ne l’aurais pas formulé ainsi : « difficult to get into it » ; qu’aurais-je dit ? Quoi qu’il en soit, c’est avant tout la joie de lire de l’italien qui m’anime et je continue… (Je pense que si je l’avais lu en français, je ne serais pas allé au-delà d’une vingtaine de pages.) Arrêt en ce qui concerne mon bureau, je réfléchis. Je pense que je vais entièrement utiliser le placard, il est stupide d’y mettre mes vestes alors que j’ai des documents, des carnets, etc. dont je ne sais et saurais que faire, à moins d’acheter un ou deux meubles et je n’ai pas envie que mon bureau soit surchargé et brouillon comme il l’était à Tourbe. Demain, je prendrai les mesures et ajouterai des étagères (il y a plein de planches à la cave) ; les vestes retourneront dans ma chambre, on verra plus tard, chaque chose en son temps