Il y a d’abord un texte ambigu, épatant, au style sec, efficace, sans fioritures, c'est étonnant. Il y a ensuite toute l’histoire qui entoure ce texte et le rend passionnant. C’est ce que révèle la préface, mais aussi l’ensemble du dossier qui l’accompagne. Flaubert meurt avant d’avoir pu achever Bouvard. Mais ça ne s’arrête pas là, ou du moins ça ne devait pas s’arrêter là. Il y avait deux autres textes, deux autres volumes dont il ne reste que des ébauches, des idées, des scénarii. L’idée du second est tout simplement extraordinaire : Bouvard et Pécuchet, déçus et dégoûtés par la connaissance et le savoir, décident de revenir à leur première fonction, celle de copiste, et entreprennent la copie des connaissances issues de tous les ouvrages qu’ils ont lus et parcourus pour constituer un ouvrage qui aurait été la somme de ces copies. C’est cet ouvrage-là que Flaubert avait prévu de rédiger et de publier… De ce fait, le premier volume, celui que l’on connaît, prend davantage d’éclat et une autre dimension, et je me demande ce qu’il en aurait été si je n’avais eu accès qu’au texte seul, sans son histoire...

 

15 janvier 2007

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