« Il y a pourtant beaucoup de voitures sur les
routes et dans les villes. [ce n'est pas ce que l'on m'a rapporté pendant plus
de vingt ans] Et elles n'appartiennent pas toutes – loin de là – aux enrichis de
l'initiative privée ou aux malins de l'extraordinaire “ système D ” polonais.
Écrivains, artistes, ouvriers qualifiés gagnent assez d'argent pour rouler
carrosse, faire des voyages à l'étranger. » Que représentent, sur la totalité de
la population, ces trois catégories sociales ? Concernant les voyages à
l'étranger (nous sommes en 1962), l'auteur dira plus loin qu'il n'était pas
facile pour un Polonais de sortir de son pays et qu'il lui fallait expressément
être invités, avoir des hôtes qui garantissent la prise en charge totale des
frais. Elle ne dit pas qu'il lui fallait en outre laisser derrière lui un membre
proche de sa famille (enfant en bas âge, par exemple), comme otage, garant de
son retour au pays... En 1970, la cousine de mon père et son mari étaient venus
chez nous, invités, mais sans leurs enfants qu'ils avaient été contraints de
laisser au pays...