Je bâille, m’étire, dans le dos quelque chose tire. Après le petit déjeuner (et je devrais dire « grand » déjeuner, tant je mange, cela fait un moment que je remarque à quel point je mange le matin), je suis monté dans mon bureau (pas question de m’installer dehors, il a plu toute la matinée avec de gros orages), y ai poursuivi La Gana. (Ce volume n’est décidément pas maniable, je ne sais comment me tenir dans le siège de « vieux » près de la fenêtre – ouverte pour le tabac –, assez inconfortable de surcroît.) Il est tout de même dommage (le mot est faible, c’est très agaçant, presqu’horripilant) – et incompréhensible – qu’il y ait le passé simple, les imparfaits du subjonctif dans ce récit d’une enfance dans un cul de basse-fosse (une cave, en l’occurrence) et parmi les pets, les rots, la pisse, la merde et les pines. C’est la première chose que Nadeau aurait dû lui faire faire avant d’amputer le manuscrit d’un tiers – c’est ce que Sosthène m’a dit – : balayer tout ces temps d’un autre temps qui, en outre, n’ont rien à faire dans cette histoire – à moins que ça ne soit lui, Nadeau, qui les aient imposés, il en aurait été capable. Il n’empêche, c’est exaltant, même s’il n’y a rien de bien neuf (mais y a-t-il des enfances neuves, surtout de cette sorte-là ?) (Mais après une centaine de pages, il est passé au présent de l’indicatif ; j’espère qu’il y restera jusqu’à la fin.) Je pense un peu à Céline (quoique), mais aussi à cet Italien inconnu que Sollers avait préfacé. Comment s’appelait-il ? J’ai son livre. Benzotti ? Barzotti ? Bancini ? Après un survol des dos (j’avais le souvenir que ça commençait pas un B) : Biancini, Renzo, Allegretto pour une fosse (pourquoi ai-je pensé à ce livre alors que je l’ai lu il y a plus de trente ans – pas d’ex-libris – et n’en ai aucun souvenir si ce n’est celui du ton, et c’est lorsqu’aux environs de la page 100, j’ai découvert qu’il s’agissait d’une famille d’Italiens que Biancini m’est revenu à la mémoire –, je le relirai)… (J’ai survolé Biancini – il tire sur sa clope sur la couverture –, c’est bien ce ton-là, et sans passé simple ni imparfait du subjonctif…

 

22 août 2021