« Geisha E : quand nous étions apprenties, parfois on devait jouer “ Petite rivière ” à une réception. On était obligé de

soulever nos jupes en même temps.

 

Geisha A : moi aussi, quand j'étais jeune, j'ai pleuré à cause de “ Petite rivière ”.

 

Geisha D : la joueuse de shamisen ne se serait pas arrêtée tant qu'on n'aurait pas soulevé nos jupes jusqu'en haut. Elle commençait lentement à jouer “ Petite rivière ”, puis de plus en plus vite et de plus en plus fort.

 

Geisha B : les invités regardaient avec de gros sourires en disant :

“ Où est le poil ? où est le poil ? ”

 

Geisha A : ils voulaient voir une chatte, et jusqu'à ce qu'ils soient satisfaits, ils nous faisaient continuer tout en buvant du saké et en nous lorgnant.

 

Interviewer : mais ne portiez-vous pas de culotte ?

 

 

Geisha D : oh non, nous étions des danseuses. Ç'aurait été disgracieux si l'on avait vu la trace de la culotte sous le kimono.

 

Geisha B : quand j'ai dû faire “ Petite rivière ”, j'ai été tellement prise de honte que je me suis enfuie en pleurant et je me suis enfermée dans la salle de bain.

 

Interviewer : l'avez-vous montrée ?

 

Geisha B : j'ai bien été obligée. Le shamisen n'arrêtait pas de jouer.

 

Geisha D : les pauvres petites ; certaines d'entre elles n'avaient même pas encore de duvet.

 

Interviewer : que faisaient-elles alors ?

 

Geisha D : avant une réception, elles prenaient un pinceau et de l'encre noire et dessinait du duvet sur toute leur motte. »