Puces immenses où très vite nous avons été trempés, Innocent en sandales et sa parka passée sur son costume safari, sa capuche qui lui donne l’air de l’un des moines des Fioretti de Rosselini. Nous l'avons très vite perdons, j'ai perdu Éléonore à un carrefour, ai avisé le café du Centre, ai néanmoins parcouru les stands sans la moindre envie de soulever les plastiques et les bâches qui tentaient comme elles peuvaient de protéger les livres, et je n’avais guère envie de chercher des livres. J'ai alors décidé, après n’avoir pas réussi à retrouver Éléonore pour lui indiquer ce « meeting point », de passer un petit moment dans ce café. Mais il me fallait un livre auparavant, n’importe quoi, pour lire un peu au chaud et en buvant un café. N’importe quoi ? mais même n’importe quoi, je ne le trouve pas. J'ai parcouru je ne sais combien de rues pour acheter, en désespoir de cause, un Desproges, Fonds de tiroir. Pour le reste, rien, misère totale, personne ne lit ou tout le monde lit la même chose, ce qui revient pratiquement au même, et muni de cet ouvrage sauvé des eaux, je me suis engouffré dans la joyeuse fumée de ce café bondé et lui-même joyeux, ambiance de puces, c’est la fête à Neuville, et malgré tout c’est réjouissant...
2 mai 2006