Janco, Serner, Arp. J’avais commencé ce matin, j’ai poursuivi ce soir au retour de la terrasse de la Paix à Meskrouk où nous avons pris une blanche avant d’aller avaler une frite boulette et fricandelle un peu plus loin. Cette boulette à l’aspect de demie sphère aplatie en caoutchouc moins un coin méritait une photographie. « We’re in Brazil », ai-je dit à Éléonore. De l’industriel à son summum où l’on ne cherche même plus à imiter l’original, mais au contraire à créer un aspect inédit ; c'est réussi. La fricandelle d'Éléonore avait l’air d’un étron carbonisé ou d’un colombin néanderthalien fossilisé. Les Belges sont décidément très forts. « Et dire que la majorité des gens mangent cela tous les jours », ai-je dit en considérant les tables autour de nous. Ajouté à cela, la faune ambiante où combattent la difformité, la hideur, le mauvais goût, la stupidité ostensible et muette, c'est-à-dire celle qui ne nécessite pas la profération de son pour s’exprimer ; j’en suis revenu plus abattu que je ne l’étais. « I really need to escape, to live out of this world. » Pour bien faire, réunion dans la cour des voisins. J’ai fermé volets, portes et fenêtres et ai attrapé Dada où, à ma grande stupéfaction, je lis des intentions d’art pour tous. Il n’empêche que je ne m’étais pas trompé : les surréalistes ont bien tout pompé, Breton en tête qui, quoique par endroits écrivain magnifique, est tout de même un escroc (et un fat). Cela ne fait que confirmer ce que je pensais : le surréalisme s’est approprié dada pour l’intellectualiser, autrement dit, passer du spontané au réfléchi et au calculé. Tout cela est très réjouissant.

 

14 juillet 2006