Alors que les artichauts cuisaient, j’ai entamé Guerres secrètes tout d’abord, puis Formation en ayant à l’esprit Calle et Casa qui m’attendaient dans le salon de lecture. Je suis donc allé les poser sur la table basse, l’un au-dessus de l’autre en vis-à-vis de Sophie et Jacques, le second sur la première, et suis monté en leur laissant le soin de se disputer la première place pour mon retour après le repas. C’est Casa qui l’a remportée, mais Sophie était là qui m’appelait. Suite, reprise à la contribution de la traductrice en anglais, traduction qui m’avait semblé un peu trop littérale, mais qu'Éléonore a jugé juste et conforme à la langue. Je continue, en m’arrêtant à certaines, en passant rapidement sur d’autres, en m’étonnant qu’il n’y ait toujours eu personne qui ait relevé le fait que cette lettre n’était pas manuscrite (je découvre à l’instant que c’est sur son téléphone portable que la « lettre » a été envoyée – belle réponse, à ce titre, de l’adolescente). Je relève la réponse de Christine Angot, puis celle de la mère même de Sophie qui, à mon sens, dissipe tout doute quant à l’authenticité de cette lettre. J’en parlais avec Éléonore, elle doutait de son authenticité (« She’s an artist. » – en effet, et cette possibilité ne m’avait pas effleuré –, en ajoutant qu’il ne lui semblait pas pensable qu’une personne réelle puisse écrire une telle lettre). La lecture de la lettre de la mère à la fille me paraît confirmer l’authenticité, car je n’imagine pas une fille tromper sa mère en ce sens, et l’imagine encore moins feindre le chagrin, si tant est qu’elle en ait eu : une telle lettre ne peut provoquer du chagrin, mais plutôt de la rage et du dégoût. J’aime beaucoup cette lettre, je veux dire celle de sa mère…