Je ne sais pas pourquoi (sans doute à cause du titre), j'imaginais une quelconque histoire d'amour rustique, voire bucolique (c'est vrai que ce titre « à l'eau de rose » s'y prête bien). C'est effectivement rustique, mais pas bucolique, puisqu'il s'agit, pour schématiser, de la chronique d'un petit village de Normandie juste à l'arrivée des États-uniens en 1944 (incroyable le nombre de livres qui me ramènent à la Normandie depuis quelque temps). D'emblée, ça m'a agacé, surtout à cause de l'écriture, moderne bon ton, d'une audace bon chic, d'un hardi de l'académisme contemporain. Bref, type d'écriture qui singularise (mais en réalité banalise) une flopée d'auteurs depuis une trentaine d'années ; ce type d'écriture où l'auteur se regarde écrire, s'époustoufle et se pâme toutes les deux lignes devant une belle image qu'il a certainement la certitude de prendre pour l'amorce d'un bouleversement total de la littérature... Et puis, au moment de renoncer, de le refermer, le jeter, le ton a changé et de ce fait les événements ont pris un autre aspect, une autre tournure et je commence à y trouver un certain intérêt... À suivre...
16 mai 1990 (dans une lettre à Marcel)