J'ai passé une partie de la soirée avec
Chagall, avec ce livre consacré à son œuvre gravée que j'ai déniché à Lys.
Dans l’une des deux préfaces est citée une phrase de lui. Je n'ai pas le texte
sous les yeux, mais voici en substance ce qu'il dit : chaque tâche demande un
immense travail, chaque ouvrage doit être repris, repensé, retravaillé sans
cesse. Il faut s'y donner à cent pour cent, car même à quatre vingt-dix pour
cent, il ne peut y avoir de passion, et peut-être même pas de talent. J'ai
acquiescé à cette évidence et j'ai aussitôt substitué à Journal du pauvre
le Journal du mou… Pourquoi deux préfaces, d'autant que la seconde ne
fait que répéter un historique déjà développé dans la première, à cette
différence près qu'une même citation, « Rentre vite, tu es célèbre ici et
Vollard t'attend » est attribuée à deux personnes différentes.
3 janvier 1990
(dans une lettre à Marcel)