
Reste l’autre
solution, celle que tout soit inventé, que ni la dame ni les lettres
n’existent. Je pencherais plutôt pour celle-ci qui me semble autrement
plus belle, qui a des accents d’« œuvre d’art » ;
qui allie panache, malice et imagination (mais l’autre solution où entre
la malignité n’est-elle pas aussi tentante, voire
excitante ?)… À la première question que je
m’étais posée en cours de lecture, j’ai un élément de réponse, que
me fournit la dame : « Un vrai roman sur une femme ne peut
être écrit que par une femme. » Auparavant, elle
démontait le texte pour y relever toutes les invraisemblances, les
extravagances liées au personnage qui, dès lors, devient complètement factice. J’ai
pensé à ce moment-là à ce qu’Éléonore m’avait dit après avoir lu Emma : « C’est
factice, on ne peut y croire. C’est évident que tu n’as pas connu
cette situation, et ne l’ayant pas connue, tu es incapable de la rendre,
de l’exprimer. Pour moi, qui ai connu cela, c’est totalement
invraisemblable : aucun homme, aucune femme dans cette situation
n’aurait réagi ainsi. » J’avais répondu que
c’était de la littérature et que je me fichais bien que cela corresponde
à quoi que ce soit de la réalité. Je ne sais pas encore si j’étais
sincère ou non…
8 juin 2002