« Jacques, trop seul, se jetait du train en marche. Ou bien, peut-être, ce scaphandrier qui étouffe dans le corps humain veut-il s’en dévêtir. Il cherche le signal d’alarme.
Il se déshabilla, écrivit quelques lignes sur un bloc qu’il mit en évidence et déplia les paquets de poudre.
Il les vida par le coin dans une vieille boîte de cigarettes. Le contenu scintillait comme du mica.
Il avait sur un meuble, habitude prise chez Stopwell, une bouteille de whisky, un siphon et un verre. Il versa du whisky, mélangea la poudre et but d’un trait. Ensuite, il alla s’étendre. »
« L’invasion se fit de tous
les côtés à la fois. Sa figure durcissait. Il se souvint d’une sensation
analogue chez le dentiste. Il touchait d’une langue pâteuse des dents étrangères
enchâssées dans du bois. Un froid de chlorure d’éthyle vaporisait ses yeux et
ses joues. Des vagues de chair de poule parcouraient ses membres et s’arrêtaient
autour du cœur qui battait à se rompre. Ces vagues allant, venant, des orteils à
la racine des cheveux, imitaient la mer trop courte et qui ôte toujours à une
plage ce qu’elle donne à l’autre. Un froid mortel remplaçait les vagues ; il
jouait, s’épanouissait, disparaissait et reparaissait, comme les dessins de la
moire.
Jacques sentait un poids de
liège, un poids de marbre, un poids de neige. C’était l’ange de la mort qui
accomplissait son œuvre. Il se couche à plat ventre sur ceux qui vont mourir, et
pour les statufier guette leur moindre distraction.
La mort l’envoie ; on dirait
ces ambassadeurs extraordinaires qui épousent à la place des princes. Aussi le
font-ils avec indifférence.
Un masseur n’est plus touché par la peau des jeunes femmes. L’ange travaille froidement, cruellement, patiemment, jusqu’au spasme. Alors, il s’envole. »