« [...] Sartre [...] me raillait par la plume de celle de ses collaboratrices qui lui était le plus attachée. Je cite de mémoire : Regardez, disait-on dans Les Temps modernes, parlant de moi, regardez comme il est bête : il est en train de scier la branche sur laquelle il est assis... La branche, en tout cas, je suis sûr de ce mot-là. Sartre ne saura jamais que s'il a eu l'occasion, pour la première fois, de mettre en évidence des témoignages qui firent tant pour la cause des Malgaches, c'est parce qu'un naïf de vingt-huit ans les avait cachés, au départ de Tananarive, entre deux paires de chaussettes et un sac de café non torréfié. Simplement, quatre ans après avoir menacé à mon tour de ne plus être libre, quand je quitterai la presse pour ne plus jamais y revenir, j'écrirai à Jean-Paul Sartre ce court billet, du reste demeuré sans réponse : « La branche est sciée... Sera-t-il donc toujours impossible de croire que ceux, à tort ou à raison, que l'on prend pour des adversaires, ne puissent vivre que vautrés dans le déshonneur ou la malhonnêteté ? »