Living-room. Fox est dans le bureau, Betty, David et Éléonore sont montés. Après l’apéritif, un Muscat sec de Louis que je n’ai pas aimé et qu’Éléonore a adoré (elle énumérait des senteurs qui m’échappaient complètement ; mais elle est beaucoup plus sensible que moi – elle dit que c’est parce que je fume, je ne le pense pas, des œnologues fument), nous sommes passés à table (encore) au retour de David de Gatwick, avec le Faugères de la maison. Alors qu’il me faisait goûter un rooisbos, je ne me suis pas senti très bien. Je suis sorti. Après quelques bouffées d’air et de tabac, et quelques passages d’avion (je suis à chaque fois sidéré par leur nombre, une dizaine durant le temps d’une cigarette et quelle que ce soit l’heure), je suis rentré ; mais je ne me sentais pas beaucoup mieux (je pense que je suis saturé d’alcool et de nourriture après ces huit jours d’agapes – pratiquement sans gaps). J’ai fait un peu de vaisselle et suis allé m’asseoir dans le living-room (où seul le sapin est allumé) tandis qu’ils bavardaient dans la dining-room. Au bout de quelques minutes, David est entré, a éteint les lumières du sapin, est sorti. Il ne m’avait pas vu. J’ai refermé les yeux et quelques minutes plus tard, j’ai entendu des voix inquiètes. J’ai compris qu’ils me cherchaient. Je ne me suis pas manifesté, au début parce que je n’en avais pas l’énergie, ensuite par jeu. Combien de temps cela allait-il durer ? Finalement, David est entré dans le living-room, a allumé, m’a vu… J’ai avec moi l’un des quatre livres qu’Éléonore, outre le Bouchard, m’a offerts, de la série « Great Journeys » : To the Holy Shrines de Richard Burton. Je doute fort de pouvoir lire. Je vais tout de même essayer (Betty et David dorment juste au-dessus, dans la chambre de Gerald – il n’est plus, d’autres personnes dorment dans son lit, dont moi cet été ; comme c’est étrange, de la même manière qu’il est étrange d’occuper leur maison en son absence et celle de Janet à présent, comme Guillemette et moi avons occupé la maison de papa et maman après la mort de maman). J’essaie de lire, relève la première note de la page 2 à propos de Trafalgar. Puis page 9, « a decided advantage », forme journalistique ; je la rencontre souvent dans les textes anglo-saxons, en particulier anglais (elle m’avait déjà frappé chez Ballard il y a trente ans) et je la retrouve ici dans un texte qui date du début du dix-neuvième siècle ; aujourd’hui, deux siècles plus tard, les journalistes français l’appliquent… Puis, page 91, note 6…
30 décembre 2019