« On a souvent accusé les images de l’univers commercial d’appauvrir l’imagination des hommes qu’il soumet à ses techniques de séduction et de réduire leur expérience esthétique et affective à une succession de clichés. Mais le stéréotype possède un avantage insigne sur la représentation personnelle. Non seulement il rassure en procurant une image convenue, mais il permet souvent aussi le développement d’une certaine liberté d’interprétation qu’un tableau plus élaboré interdit. Face à une œuvre personnelle, l’imagination se sent parfois bloquée par l’adresse de la composition ou la force de la vision. Elle doit tout partager avec l’œuvre, entrer en elle, fusionner avec elle. Sa beauté et sa grandeur peuvent la pétrifier. De son côté, le stéréotype, simple et minimal, n’impose aucune représentation singulière du réel. En fournissant quelques éléments généraux et rudimentaires, il laisse le soin au spectateur de construire son propre récit. Les enfants préfèrent de même souvent s’amuser, non avec des jouets coûteux et complexes, mais avec des boîtes de conserves, des tupperwares ou des allumettes. »

 

Tout cela est évidemment très discutable, notamment la dernière phrase qui semble être le fait de quelqu’un qui n’est pas sorti de chez lui depuis une trentaine d’années. L’enfant qui s’amuse d’allumettes, de boîtes de conserves ou de tupperwares (pourquoi les tupperwares ???), n’a souvent d’autre solution. Il s’en contente, faute de mieux ; ou parce que les parents n’ont pas la possibilité matérielle de leur offrir des « vrais » jouets (ou ne le veulent pas, quoique cela soit un cas de figure un peu rare) ou parce qu’ils les méconnaissent, les deux pouvant être liés. Un enfant peut s’amuser avec un bout de bois, mais il délaissera, je pense, très facilement son bout de bois pour une console vidéo… Quant au « spectateur qui construit son propre récit », il me semble que le propre d’une proposition extérieure, en particulier artistique ou littéraire, est de justement de proposer un autre récit que celui que le spectateur peut se faire, récit (celui du spectateur) qui sera invariablement le même et qui changera d’autant moins que tout autour de lui sera fait pour l’immuabilité de ce récit. C’est le rôle, la fonction et la raison d’être de la société de faire en sorte que ce récit personnel ne change pas…