« Mais il en est résulté un défaitisme général qui se reflète dans le slogan : “ State ways cannot change Folkways. ” “ La loi ne peut pas changer les mœurs. ” “ L’Américain, écrit encore Myrdall, considère généralement la politique et l’administration de son pays et de sa communauté avec indulgence et tolérance, comme une chose dont il n’est pas responsable ; il ne se regarde pas comme étant lui-même législateur et n’essaie pas de coopérer à l’organisation d’une vie sociale convenable. Il est de même incliné à se dissocier de la politique comme d’une chose méprisable, et à maintenir hors du domaine politique celles auxquelles il attache de la valeur. Cela fait partie de ce que Lord Bryce appelait ‘’le fatalisme de la multitude’ en Amérique. Ce fatalisme, ce manque de participation créent un cercle vicieux : ils sont à la fois cause et effet…” Et c’est bien l’existence de ce cercle vicieux que je sens moi aussi au cours de ces conversations et qui me paraît si désolant. Personne ne peut rien parce que tous pensent ne rien pouvoir ; et la fatalité triomphe dès qu’on croit en elle. »