« Ce
sont des débris de maisons dadobe, entourant une grande
ruine rougeâtre : peut-être une forteresse, ou un bloc de
maisons analogues à ceux de Taos, ou encore une église élevée
par les Espagnols : ils ont planté une croix à la pointe
de la colline. Forteresse ou église, ce qui est émouvant,
cest laffirmation dune présence humaine au
cur de ces montagnes solitaires ; désertes, mais
harmonieuses, elles semblent encore dans leur délaissement
faites pour accueillir lhomme, comme ces sites où
sétablirent les anciens Chartreux et dont la sauvagerie
parlait à lâme. Cest un endroit qui fait rêver au
mystère du mariage qui lia notre espèce à cette planète. On
rêve aussi à ces hommes qui dressèrent la croix sur les ruines
des villages détruits par eux : comment juger ces
prodigieuses et atroces équipées ? On ne peut juger un
acte quen prenant activement parti pour ou contre lui et ce
passé est consommé ; on ne saurait le rattacher au
présent par un regret ou un orgueil ; cest ce silence
même dans mon cur qui me donne une impression de malaise
quand je regarde les murailles de terre rouge et la
croix. »