Achevé. Si j'étais un peu réticent, je suis à présent pas loin d'être conquis. Je craignais d'être tombé sur une bête et banale autobiographie ; c'est très loin de ça. Autobiographie, oui, mais comme une sorte de calque sur une œuvre ; comme une vie appliquée à l'écriture, ou l'écriture influençant la vie. Les deux sont entremêlés. À la réflexion, le résultat est assez étonnant. En vérité, tout se passe comme si Ballard ne faisait pas son autobiographie, mais la biographie de Ballard sous une forme romancée (je pense à l’instant à sa présence en tant que personnage dans Crash – ici largement abordé ; plaqué, en quelque sorte, sur la vie « civile »). Je ne manque pas de noter son habituelle distanciation en tant qu'auteur (et en tant qu'homme ?), sans oublier les nombreux passages de « sexe » à l’aspect toujours aussi médical, clinique ; anatomique (voir le vocabulaire)... Je relève les pages 200, 224 (pour le « duel amoureux », la fameuse ronde de mes Culbuteurs – était-ce présent dans Crash et ses avatars, je ne m'en souviens pas ?) ; puis les pages 192 et 193... Où dit-il que « bientôt, pour comprendre les choses, chacun devra se faire critique de film » ? Et page 334 :

« Deep assignments ran through our lives ; there were no coincidences. » « En profondeur, des missions parcouraient notre vie ; il n'y avait pas de coïncidences. »

 

6 janvier 1994