Ça a paru, écrit en français, en 1970 chez Minuit, puis en anglais, traduit par lui-même, en 1973. Christopher Ricks, le préfacier, précise que le texte date de 1945, mais, puisqu’il mettait en cause une femme en vie – le texte serait autobiographique ? je ne vois pas en quoi –, Beckett aurait attendu vingt-cinq ans, c’est-à-dire la mort de ladite, pour le publier… Ce texte appartient davantage au domaine du songe que d’une prétendue réalité et la femme en question a davantage l’apparence d’une brume que d’une personne de chair et de sang. Qu’est-ce qui peut lui porter préjudice ? En outre, il y a quelque chose de malsain à attendre le décès d’une personne qu’un texte met en scène. Fuite, lâcheté. D’un autre côté, en pensant il y a deux jours à tout ce que je tais dans le journal qui concerne ma mère et que j’aimerais faire lire, j’avais eu cette pensée que je pourrais le faire une fois qu’elle ne serait plus… C’est davantage que de la lâcheté : c’est de la tromperie, de la trahison… Ce texte m’a fait penser à Bataille. J’aime. (Si je n’avais pas su qu’il avait été d’abord rédigé en français, aurais-je eu la même impression d’une traduction, et l’impression que le ton, le thème sont davantage français qu’anglo-saxons ?...)

 

11 décembre 2001