Panne de cahier, j’en achèterai un cette après-midi ; j'écris donc au clavier. Charles. C’est d’un certain Jean-Michel Béquié. Je l’ai tiré des boîtes de livres du rez-de-chaussée (vouées, je le crains, à rester sur la table du séjour à perpétuité), parce que le nom m’était inconnu, mais surtout parce qu’il s’agissait des Éditions de Minuit. Au bout de quelques pages, je me suis exclamé : « qu’est-ce que c’est que ce machin ? » Puis, au nom de l’histoire de ce vieil homme atteint d’un cancer, proche de la mort et dont la vie a été détruite par le décès, à cinq ans, de l’un de ses fils, je suis allé jusqu’au bout. C’est évidemment touchant, bien écrit (suffisamment pour que je poursuive), mais au bout du compte, qu’est-ce qu’il en reste, et qu’est-ce qu’il est au regard de la littérature ? En un mot : un tel texte est-il « utile » ? (Et est-ce terrible d’écrire ça ?) Il est plus que probable que ce texte soit autobiographique, et je peux très bien imaginer qu’il s’agit de son seul et unique livre, qu’il est mort peu de temps après sa publication, à l’image de Mars de Zorn. Je n’ai pas encore vérifié (est-il utile, nécessaire de vérifier ?)… (En lisant, je pensais à mon Emma, me disais que tout lecteur a dû s’imaginer ou s’imaginera que c’est autobiographique…) J’ai vérifié. Il est né en 1958 et a publié d’autres textes ; il semblerait que Charles soit le premier. (Il a trente-cinq ans lorsque Charles sort. Comment, à trente-cinq ans, écrit-on un tel livre ? Et pourquoi ? Est-ce son père ?)

 

27 juin 2018