Je reviens de Mola, il fait chaud, je suis lourd, un peu perdu, et la gêne à l’œil droit est revenue. Hier, puces, à Beerbeer, puis à Klyn, hameau du côté de Weecemont. Il faisait doux, un peu venteux, puis ça s’est un peu gâté à Klyn où un « mauvais nuage » (dixit une pucière) est venu déposer son eau sur nous. Il n’y avait rien de vraiment intéressant, mais c’était agréable, ça se déroulait sur les berges d’un canal, voie parfaitement rectiligne qui va jusqu’à Greeb, il n’y a qu’à suivre, on ne peut se tromper. Sur le balcon, j’ai entamé Un roman français de Beigbeder acheté à Beerbeer ; c’était l’occasion de lire quelque chose de lui. Puis je me suis mis à la mise en ligne de ma pauvre cargaison d’une vingtaine de livres. En fin d’après-midi, nous sommes allés nous promener dans les vagues de la marée basse, elle à pieds nus, moi avec mes bottes (j’ai tout de même réussi à y glisser mes semelles). Il faisait très beau ; j’ai pris des photos de ses pieds dans l’eau. Au retour, il y a eu une crise au-dessus, bruits, claquement de portes et cris d’une fille (cette fois, à travers le plafond et non par la bouche d’aération de la cuisine, comme d’habitude, elle hurlait véritablement). Ça a duré une dizaine de minutes, puis ça a été le calme. J’ai passé une bonne partie de la soirée sur le balcon avec Beigbeder. J’ai arrêté à la page 111. Ça commençait pourtant bien, acuité, humour, et puis ça a versé dans le convenu. Il me ressemble : son enfance est un trou et l’objet de ce texte est la quête de ses traces d’enfance. Finalement ça se résume à une autobiographie, ça n’a aucun intérêt ; je me fiche de ses histoires d’enfance et de famille si elles n’en restent qu’au stade strict de l’anecdote. (J’ai découvert ensuite qu’il avait remporté le Renaudot en 2009 ; que couronnait-il ?) Par curiosité, j’ai lu la « préface inédite », sic la couverture (écrite spécialement pour la version poche, j’imagine), de Houellebecq. Il ne sait pas quoi dire, alors il raconte le livre. C’est vide et très mal écrit ; bâclé ; il l’a manifestement rédigée à contrecœur (mais moyennant de gros sous, j’imagine). Il parle d’honnêteté. Quelle honnêteté ? Bref, c’est à la mesure de ce qui suit. Je soupçonne Moix (qui avait dit beaucoup de bien de Beigbeder – que tous prononcent « baïgbédé », et comme lui ne corrige pas, je suppose que c’est sa manière de prononcer son nom – et qu’il ne ratait aucun de ses livres) de ne pas avoir souvent mis le nez, voire jamais, dans Bataille qu’il aime tant à citer – ou il n’y a rien compris, ou s’en sert comment garant, ou alibi, intellectuel face à un public, spectateurs et téléspectateurs unis, qui n’en a jamais entendu parler et n’y mettra jamais le nez. On ne peut aimer les deux… La mer est toujours aussi belle, que dire de plus de Mola ?
11 mai 2018