Je n’ai toujours pas résolu le cas Barthes. Qu’en dire ? J’y pensais tout en lisant et en essayant de retrouver ou pour le moins de me remémorer mes impressions liées à la première lecture. Je me rappelle une brillance, un éblouissement, une sorte de vertige face à une langue que j’avais trouvée extrêmement belle. Depuis je suis allé au Japon ; le Japon, d’une certaine manière, m’habite depuis près de dix ans ; je l’ai relu avec cette connaissance en moi. L’écriture ne brille plus de la même façon ; j’en ai lu d’autres de lui, mais aussi d’autres, comme Quignard, à qui je pourrais l’apparenter dans le maniement de la langue et la création d’images. Je ne suis plus épaté, et si j’acquiesce souvent, je constate aussi que son Japon n’est pas le mien (le sien date de 1970) ; c'est bien naturel, mais il y aussi le fait que j’y vois une intellectualisation qui ne colle pas, qui, quoi qu’il dise, est un regard d’Occidental. Mon regard est aussi celui de l’Occidental, à cette différence près que je préfère le senti, l’intuition, le frémissement à l’explication, ou à une tentative d’analyse qui me semble vaine et, surtout, inutile. Comment l’exprimer ? Justement : ne pas l’exprimer… Je relève une citation de Sollers à la page 75. D’autres notes figurent sur un autre marque-pages, je ne sais plus dans quel livre il se trouve. Je remarque à l’instant le double portrait de l’acteur Kazuo Funaki : l’un introduit le texte (avec un visage impénétrable), l’autre le clôture (cette fois avec un imperceptible sourire)...

 

2 octobre 2010