Il est là depuis quelques semaines, quelques mois. Je l'ai entamé sans véritable intérêt, sans déplaisir non plus. Par moments, je l'ouvre à l'endroit où je l'ai laissé et lis quelques unes des bribes dont il est constitué. Récemment, Léo m'a avoué qu'il n'aimait pas Barthes (ou plus ?). Nous n'en avons pas vraiment parlé, mais il est un fait qu'en joignant ses propos à l'évidente réticence que j'avais à entrer dans ce livre, je ne me suis pas senti l'envie de l'achever ; ni même d'y jeter un œil supplémentaire. À tout hasard, de crainte d'un remords ultérieur (purement illusoire puisqu'aussitôt qu'il sera rangé, je l'oublierai), je l'ai ouvert. Je tombe sur un passage intitulé Au piano, le doigté..., Barthes, pianiste amateur, ses propos ici pourraient être les miens ; encore qu'il écrive : « Or, si je joue mal – outre l'absence de vélocité, qui est un pur problème musculaire – [...] ». Il se trompe : la vélocité a davantage à voir avec un état d'esprit (une nature) qu'avec les muscles. Puis : « [...] le dressage empêche la jouissance [...]. » Faux encore. Il y a deux types de jouissance en musique : celle du laisser-aller total (l'improvisation, du moins telle que je la conçois) et celle du dressage, de la discipline ; ou du moins celle qui sera l'aboutissement de ce dressage (voir Gould, dans Sollers, Passion fixe). Lui ne voit que celle du laisser-aller. Ce n'était certainement pas un musicien... Pour le reste, excès d'un intellectualisme purement cérébral qui, aujourd'hui, ne m'intéresse plus beaucoup, voire plus du tout. Tout cela manque singulièrement de vie...

 

26 juin 2000